Les traducteurs et les interprètes pendant la pandémie
DEUXIÈME PARTIE
Nathalie Avédissian, traductrice et interprète près de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, est témoin des changements qu’il y a eu dans le secteur de la traduction et de l’interprétation depuis les années quatre-vingt-dix. Après presque trente ans de carrière, Nathalie nous raconte ses débuts dans le monde de la traduction. En 1993, avec une maîtrise de LEA en poche, elle décide de devenir traductrice indépendante : « À l’époque, il y avait peut-être moins de traducteurs sur la place de Toulon et j’avais peu de travail, j’ai exercé directement en indépendante et la liberté d’entreprise m’a plu tout de suite. Cependant, avec le temps, on en vient à travailler plus que les salariés, surtout au début, on travaille beaucoup le week-end et le soir… »
« Je ne peux pas dire non plus que je suis à l’abri de tout, parce que nous ne sommes à l’abri de rien et surtout dans ce métier qui évolue si rapidement »
Cela fait maintenant 27 ans que Nathalie traduit : « Je peux dire que je suis installée. Je ne peux pas dire non plus que je suis à l’abri de tout, parce que nous ne sommes à l’abri de rien et surtout dans ce métier qui évolue si rapidement ». Se tenir informé de toutes les nouvelles technologies, du marché et de son évolution est pour Nathalie essentiel dans ce métier.
Même si cette dernière année la profession du traducteur et d’interprète a subi des changements, le changement est en réalité pour le traducteur une normalité. S’adapter est ce que Nathalie a toujours fait, elle a commencé à traduire quand les outils informatiques et la technologie dont nous disposons à présent n’étaient pas à la portée des professionnels dans ce domaine.
Depuis l’année dernière, Nathalie a constaté un changement en ce qui concerne le volume des traductions et les appels des clients particuliers : « Nous sommes un métier en bout de chaîne, c’est-à-dire que nous dépendons beaucoup des autres secteurs ». Ainsi, un traducteur spécialisé dans le domaine du transport, de l’événementiel ou du spectacle aura subi une baisse importante de son chiffre d’affaires : « Les sociétés du secteur S1 sont les sociétés les plus impactées par la crise et, automatiquement, les flux de traductions dans ces secteurs sont inférieurs ».
« Il faut exploiter les réseaux sociaux et les réseaux professionnels. Les réseaux sociaux nous permettent de nous réunir, de former des groupes et de continuer à réfléchir sur notre métier »
Comme dans d’autres secteurs, la digitalisation est la solution pour surmonter cette crise en tant que traducteur : « Il faut exploiter les réseaux sociaux et les réseaux professionnels. Les réseaux sociaux nous permettent de nous réunir, de former des groupes et de continuer à réfléchir sur notre métier ». Cependant, sur ces plateformes il faut être extrêmement minutieux car nos publications seront le portrait de notre professionnalisme et compétences, les fautes ne sont pas permises et il faut produire un contenu intéressant : « Des formations se sont développées en ligne pour gérer sa présence sur un réseau social et professionnel ».
Quant aux tarifs, les clients demandent souvent de baisser les prix, mais selon Nathalie « ce n’est pas forcement en raison de la crise sanitaire, c’est aussi au fait de l’essor des outils TAO (Traduction assistée par l’ordinateur) qui occasionnent une baisse des prix ». L’utilisation des mémoires de traduction, par exemple, permet au traducteur de ne pas retraduire un passage qui a déjà été traduit (dans le même document ou dans d’autres traductions ultérieures). Un outil TAO permet de calculer le pourcentage de correspondance qui s’utilise pour adapter les tarifs. Par exemple, si un passage a un 100 % de correspondance, il ne doit pas être traduit ni modifié car une traduction de ce passage se trouve dans la mémoire de traduction et il y aura donc une réduction considérable du prix de la traduction.
L’adaptation des prix pendant cette crise sanitaire est pourtant une réalité, mais Nathalie recommande de rester toujours dans la même fourchette pour ne pas « casser » les prix du marché et nous conseille de profiter de cette occasion pour se former, rester positif et découvrir d’autres activités liées à la profession, comme la rédaction web.
« Il ne faut surtout pas désespérer parce que de toute façon un traducteur qui s’installe au début, il n’a pas beaucoup de travail »
Nathalie nous formule également un constat à tenir en compte pour les traducteurs qui viennent de commencer : « Il ne faut surtout pas désespérer parce que de toute façon un traducteur qui s’installe au début, il n’a pas beaucoup de travail ». Ainsi, si la pandémie n’avait pas eu lieu, un traducteur qui débute n’aurait pas eu non plus un volume de travail exceptionnel. Nathalie constitue donc un exemple de persévérance et d’optimisme et nous rappelle que le changement et l’adaptation sont des caractéristiques inhérentes à la profession du traducteur.
Interviewée
Nathalie Avédissian
traductions@armaris.fr
Espace Athéna, Impasse des Peupliers Bat. C, 83190 Ollioules
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